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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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11 février [1848] [1] vendredi midi

Bonjour, mon pauvre adoré, bonjour mon sublime bien aimé, bonjour. Je viens de me lever tout à l’heure et je suis encore assez mal en point ; cependant je suis moins malade que cette nuit et ce matin. Il me semble même que je commence à avoir faim ce qui est un bon signe. Je n’ai pas voulu sortir aujourd’hui à cause de mes reins qui sont très douloureux. Demain j’irai chez le médecin et s’il me conseille l’exercice nonobstant cela j’en ferai tous les jours. Tu vois que je suis d’assez bonne composition cher adoré. Je vais me dépêcher de me mettre un peu d’eau sur le corps, de faire ta tisane pour me mettre à copier en t’attendant. Rien ne me repose et ne m’est plus agréable que cette sorte d’occupation. Il n’y a pas de mal qui résiste à cela. J’oublie que je souffre en lisant toutes ces admirables choses. Cette nuit j’avais presque envie de me relever pour m’y mettre. Cela aurait mieux valu que de m’agiter dans l’insomnie comme je l’ai fait ou de me livrer à d’affreux rêves. Heureusement cette affreuse nuit est passée et j’espère qu’elle ne reviendra pas de longtemps. La preuve c’est que je me sens faim. Cependant je ne mangerai pas avant ce soir pour ne pas me charger l’estomac. D’ici là, je vais bien penser à toi et t’aimer de toutes mes forces.

Juliette

Collection particulière / MLM, 65303 0062/0064
Transcription de Gérard Pouchain


11 février [1848], vendredi après-midi, 2 h. ½

Je vais toujours de mieux en mieux, mon cher petit homme, au mal de reins près. Ce soir j’espère qu’il n’y paraîtra plus je n’ai pas voulu sortir pour ne pas l’augmenter car sans cela je n’aurais pas mieux demandéa que d’aller me faire éventer sur le boulevard ou sur le quai. Demain s’il fait beau je m’en régalerai à jambes que veux-tu, à moins que le médecin ne s’y oppose. J’ai fait mes petites affaires aujourd’hui tout doucement. Tout à l’heure je copierai ce sera charmant. Suzanne s’est résignéeb à mettre l’argent de ses étrennes dans la dépense, chose qu’elle n’avait pas encore pu prendre sur elle de faire. À l’heure qu’il est je lui dois 50 f. Tout cela ne m’émeut qu’à cause de toi, mon pauvre adoré, car pour Suzanne j’avoue que je suis parfaitement insensible à son affreux sacrifice. Ma reconnaissance va jusque-là. Voilà tout ce qu’elle peut faire pour cette héroïne de dévouement.
Mon petit Toto, je t’aime, mon Victor je t’adore, mon petit homme je vous attends, mon bien aimé, je vous désire, ma joie, mon bonheur, mon amour je vous baise depuis la tête jusqu’aux pieds.

Juliette

Collection particulière / MLM, 65303 0065/0067
Transcription de Gérard Pouchain

a) « demander ».
b) « résigné ».

Notes

[1Le calendrier perpétuel donne 1836, 1842 et 1848. Cette lettre comble une lacune dans le fichier de la BnF, ce qui n’est pas le cas pour 1842. 1836 est impossible puisqu’il est question de Suzanne dans la lettre suivante.

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