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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 juillet [1842], vendredi après-midi, 3 h. ¼

Faut-il, mon cher petit malencontreux, que les pauvres petites et tant rares matinées que vous me donnez se trouvent toujours dans le moment où je n’en peux pas profiter. En vérité vous y mettriez une intention de taquinerie et de malice, ce qui ne serait pas improbable, que vous ne réussiriez pas mieux. Le bonheur que vous m’apportez ressemble beaucoup à ces fruits mythologiques dont les branches s’éloignent quand la main croyait les atteindre. Je suis décidément très vexée et je vous prie de cesser cette plaisanterie, si c’en est une, parce qu’elle me rend aussi malheureuse qu’une vraie méchanceté faite à dessein. Voilà votre chère petite menotte guérie, mon adoré, et j’espère que vous aurez trouvé notre petit garçon en bon train de guérison [1], vous n’aurez donc plus d’ici à très peu de temps de raison pour ne pas être gai et heureux. Je vous préviens que dès que vos inquiétudes auront disparu, dès que votre chère petite patte sera entièrement libre, je serai très exigeante pour toutes sortes de choses que vous savez bien et moi aussi. En attendant [j’apprends] la médecine et l’art de confire les académiciens sur leur fauteuil avant, pendant et après leur mort, ce qui peut être fort intéressant mais ce qui n’est pas amusant. Jour Toto, jour mon cher petit o. Vous savez que ces deux jours-ci ne comptent pas. C’est absolument comme à la cible quand on tire hors du rond, il me faudra une éclatante réparation de cette odieuse mystification d’hier et d’aujourd’hui, je vous en préviens monsieur toto. Comptez là-dessus et faites-vous raser les cheveux si vous ne voulez pas avoir recours à la coiffure de vos [jeunes  ?] confrères de l’académie. Sur ce, baisez-moi et revenez bien vite me dire comment vous avez observé l’éclipse de soleil ce matin et me donner des nouvelles de mon pauvre petit garçon que j’aime de tout mon cœur. Je vous aime malgré toutes vos méchancetés, scélérat.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 223-224
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette
[Gaudon]

Notes

[1François-Victor Hugo est convalescent.

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