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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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5 juillet [1842], mardi matin, 10 h.

Bonjour mon cher cher adoré. Comment va ta pauvre petite main ? Comment notre petit garçon a-t-il passé la nuit, mon bien-aimé adoré ? Je donnerais de ma vie autant qu’on en voudrait pour que vous soyez guéris tous les deux ce matin, mes pauvres anges bien-aimés. Je suis tourmentée mon pauvre petit homme au-delà de ce que je puis dire, de ce redoublement d’enflure d’hier. S’il faut que tu aies fait encore quelque imprudence cette nuit, il n’y a pas de raison pour que cette pauvre main ne devienne pas très sérieusement malade. D’y penser j’en ai le cœur serré. Mon cher bien-aimé adoré, aie le courage de ne rien faire pendant deux ou trois jours et tu verras que ta main guérira comme par enchantement. Je t’en prie, mon pauvre adoré, pour toi qui éternise ta souffrance et pour moi que cela rend la plus malheureuse des femmes.
Je n’ai pas besoin de te dire si je désire savoir de tes nouvelles et que mon impatience égale mon inquiétude, tu le devines bien, n’est-ce pas ? Tâche de venir le plus tôt possible me consoler et me tranquilliser. Je crois que la marche excessive est contraire à l’enflure de ta main, mon chéri, tu ferais peut-être bien de ne pas trop marcher. Ne va pas à l’académie aujourd’hui, s’il y en a, je t’assure que ce ne serait pas prudent. Enfin mon pauvre adoré, prends toutes les précautions nécessaires pour ne pas prolonger ni augmenter ton mal et mon tourment. Je baise tes petits pieds.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 213-214
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette


5 juillet [1842], mardi après-midi, 2 h. ½

Je suis bien en peine, mon bon adoré, de savoir comment va ta main, comment vous avez passé la nuit tous les deux, mes chers petits bonshommes. Vous seriez bien gentil, mon pauvre petit manchot, de venir me tirer d’inquiétude et comme je le demande au bon Dieu, et comme je l’espère vous allez mieux tous les deux. Je te priais ce matin de ne pas aller à l’académie, mon Toto chéri, parce que je suis persuadée qu’une trop longue marche, avec la main dans l’état où tu l’avais hier au soir, ne peut que te faire beaucoup de mal et redoubler ton enflure. Je t’en prie de nouveau, mon bien-aimé, ne marche pas trop, ne va pas à cette boutique aujourd’hui. Tu iras un autre jour, pardi, ce n’est pas une affaire plus importante que ta guérison. Jourdain le tapissier vient de venir. Je lui ai dit que je lui écrirais le jour où il pourrait venir chercher l’argent du lit en fer qu’il a fait fournir. Maintenant, mon cher amour, je voudrais savoir comment tu vas. Ne tarde pas trop à venir. Et puis mon adoré quand tu liras cette lettre la nuit prochaine si tu ne souffres pas trop, si mon petit garçon [1] n’a pas besoin de toi, viens te reposer dans mes bras. Je serai la plus heureuse des femmes.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 215-216
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

Notes

[1François-Victor Hugo est convalescent.

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