Guernesey, 16 mai 1859, lundi matin, 8 h. ½
Bonjour, mon cher bien-aimé ; bonjour, amour et bénédictions pour toi et pour tout ce que tu aimes le plus tendrement en ce monde.
Quelle chance ! La petite Berthe [1] vient de venir s’enquérir tout à l’heure si nous irons chez sa tante ce soir, ce qui me dispense d’écrire, bonheur immense ! Je lui ai exagéréa l’état de mon pied pour ne pas la désobliger et je lui ai fait mon invitation du même coup. [Ollrey [2] ?] ! M’en voilà quitte et toi aussi pour cette fois. D’ailleurs, Préveraud n’est pas assez DRÔLE, quoiqu’il soit bien grotesque, pour lui rendre les HONNEURS d’une fête au prix d’un immense embêtement de plusieurs heures. Et puis je ne serais pas fâchée de me retrouver tête à tête avec vous, mon cher adoré, ne fût-ce qu’un quart d’heure dans la soirée. J’espère que nous aurons cette chance, et plus complète encore si QUESNARD ne vient pas. En attendant, ma patte va beaucoup mieux. Encore deux ou trois jours de pantoufle et il n’y paraîtra plus. Mais quel que soit mon [illis.], cela n’empêche pas mon amour d’aller bon train et mes baisers de courir après vous.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16380, f. 130
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette
a) « exasgéré ».