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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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14 février [1837], mardi soir, 8 h.

Vous voulez donc que je vous écrive, vieux tyran de mélodrame ? Vous tenez donc encore à savoir ce qui se passe dans le cœur de votre pauvre VICTIME, vieux BARBE BLEUE que vous êtes ? Eh ! bien, soyez satisfait. D’abord je vous dirai pour vous punir que je ne conserve aucune rancune de votre infâme conduite de tantôt, au contraire je vous en aime que d’avantage, exprès pour vous apprendre. J’ai beaucoup de peine à vous écrire et ce qui en fait le charme à mes yeux, et je désire qu’il en soit ainsi aux vôtres.
Mon petit Toto chéri, en récompense du chagrin bien injuste que vous m’avez fait tantôt vous m’écrirez une bonne petite lettre adoréea que j’apprendrai par cœur, que je couvrirai de baisers et que je dorloterai sur mon cœur indéfiniment.
J’y compte, et c’est à cette condition seulement que j’essuie mes yeux et que je renforce les cornes de mon désespoir. Vous entendez, mon petit Toto, ne me leurrez pas d’un vain espoir, ce serait plus que cruel de votre part.
Je tiens toujours à mon petit dessin. Préparez-vous à me le rendre car il est bien à moi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 159-160
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « adoré ».


14 février [1837], mardi soir, 8 h. ¼

Jour, mon cher petit homme, je vous demande bien pardon de tous vos trimes. Vous ne le ferez plus jamais jamais, je vous me le promets. En attendant je suis bien sage dans mon lit, je mets beaucoup de cataplasmes sur mon ventre et beaucoup de tisanea dedans, sans en éprouver aucun soulagement, ce qui est un bon signe. Ensuite je vous aime.
Je vous écris au risque de me redonner un redoublement de mal de gorge. Mais : ça m’est égal j’en trouverais de plus gentil-le.
Il est bien convenu qu’aussitôt que je serais guérie, vous me menez faire une ORGIE échevelée chez le grand PASSOIR et que de là nous irons nous épanouir la rate devant le célèbre Arnal. Merci, plus que ça des plaisirs de la vie ! Et en attendant comme intermède des bouillons plus au moins [illis.], de la tisane à discrétion et des cataplasmes en masse.
De quoi puis-je me plaindre, sinon d’être trop privilégiée des amours et de la médecine ? Aussi je ne me plains pas et je m’emplis encore moins vu le régime diétique.
Je fais mon petit mot en passant et je vous baise les mains et les pieds toujours.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 161-162
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « tisanne ».

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