Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1837 > Février > 12

12 février [1837], dimanche après midi, 1 h. ½

Bonjour, mon cher petit homme adoré. Je t’aurais écrit une heure plus tôt si je n’avais pas oublié que je n’avais pas de papier avant d’envoyer porter ta lettre au Théâtre de la Gaieté.
Je crois, mon bijou bien aimé, que la grippe me tient pour tout de bon cette fois-ci. J’ai passé une mauvaise nuit et ce matin je crache un peu de sang avec une courbature de tout le corps, ce qui ne m’empêche pas de vous aimer, au contraire. Je me suis tenue à quatre pour ne pas envoyer acheter votre encrier ce matin. Il a fallu toute ma résolution et l’espoir de l’avoir peut-être à meilleur marché pour me retenir. Je vais déjà sortir de ce petit puits enchanté la merveilleuse histoire dont vous me parliez hier et dont j’ai rêvé cette nuit les yeux ouverts.
Mon petit Toto, mon petit Toto, laissez-vous fléchir et donnez nous encore une fois le bonheur d’admirer et d’adorer. Quanta à moi j’adore et j’admire de conviction, je n’ai pas besoin de lire pour être transportéeb, il me suffit de voir votre beau front et de baiser vos belles mains pour être convaincue que tout ce qui est admirable et merveilleux vient de lui et sera fait par elles. Je vous dis tout cela comme des cheveux sur de la soupe, mais c’est que j’ai la grippe et que je vous aime trop. Voilà mon excuse.

Juju

BnF, Mss, NAF 16329, f. 151-152
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « quand ».
b) « transporté ».


12 février [1837], dimanche soir, 5 h.

Je m’étais levée pour me recoucher presque tout de suite, mais je me sens un peu mieux et je reste debout. Je vous aime mon Toto quoique… vous ne m’aimiez guère.
Il a fait bien beau aujourd’hui, bonne raison pour que je ne vous voie pas. S’il avait plu averse vous seriez venu me chercher pour aller me promener sur les boulevards. Je vous connais, je vous connais, vieux Toto, je sais bien ce dont vous êtes capable, scélérat. Je vous aime bien fort, je vous désire autant et je vous baise de tout mon cœur. Ah ! ça, bien décidément, nous héritons des 50 F. Il est probable que le Docteur les aura passésa à quelqu’un qui aura trouvé drôle de les perdre à notre bénéfice. Si cela est, je vous achète une quantité innombrable D’ENCRIERS TOUS CHINOIS à condition que vous m’écrirez autant de belles lettres qu’il y aura de hideux crapauds et d’effroyables gnomes.
Ça vous [dit-il  ? dirait-il  ?] et le marché tient-il ? Dans ce cas, voici mes arrhes : dix mille baisers sur chacun de vos yeux et un million sur votre jolie bouche.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 153-154
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « passé ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne