Mercredi matin, 10 h. 10 m.
Bonjour, monsieur Toto, pourquoi que vous n’êtes pas venu me voir ce matin ? Depuis que vous m’avez fait ce fameux cadeau que vous savez, vous m’abandonnez à mon éternuement sans fin, sans vous occuper de ce que je deviens. Moi, il n’en est pas de même à votre égard car, outre que je ne fais que penser à vous quand je suis éveillée, je rêve de vous tout le temps que je dors, ce qui ne m’empêche pas de vous aimer, au contraire.
Je suis vraiment très malade de ce rhume. Je ne peux pas parler et j’éprouve une oppression très douloureuse quand je veux respirer. Pour peu que cela continue, vous m’enterrereza avant la fin de cette semaine. Dans cet espoir, je vais écrire à Lafabrègue afin qu’il vienne me prendre mesure de souliers pour faire mon voyage de l’autre monde où j’espère trouverb les chemins en moins mauvais état qu’ici, sans compter que les sabres de la route ne pourront plus me couper l’herbe sous le pied. Voilà ce qui vous attrape.
En attendant, vous devriez bien venir de bonne heure me prendre pour aller à Versailles où vous resteriez avec moi jusqu’à toujours.
Je vous aime, mon amoureux, et même, je vous adore.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16324, f. 104-105
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « entererez ».
b) « trouvé ».