Samedi soir, 7 h. ¾
juin-juillet 35 – émeutesa
Voici déjà votre quart d’heure de grâce écoulé, cette fois. Je joue à qui gagne perd, puisque je n’avais parié avec vous que pour stimuler votre exactitude. Mais il me paraît que ce moyen ne vaut pas mieux que votre amour pour hâter le moment qui vous ramène près de moi. Allez, vous ne m’aimez pas et j’ai bien tort de vous aimer trop. Je suis furieuse contre vous.
La bonne préfère aller ce soir porter la caisse parce qu’elle aime mieux avoir le matin du dimanche pour aller à la messe. Je pense que tu ne t’y opposesb pas et dans cette croyance, je la laisse aller ce soir chez le carillon.
Tout mon mécontentement contre vous ne m’empêche pas de vous aimer, de vous désirer et de vous baiser, quand vous serez là, du moins.
J’espère que notre Angelo ne se laissera pas intimider par les sergents de ville et les émeutes qu’il y a aujourd’hui [1]. Car enfin, je m’intéressec à lui autant que je vous aime et ce n’est pas peu dire.
Juliette
[Adresse :
À mon cher retardataire
BnF, Mss, NAF 16324, f. 37-38
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) Notes rajoutées sur le manuscrit d’une main différente de celle de Juliette.
b) « oppose ».
c) « interresse ».