Vendredi matin, midi ½
Vous m’aviez usé tout mon papier, affreux scélérat. Il m’a fallu en envoyer chercher d’autre. Si vous croyez que je peux tenir à ce train-là, vous [vous] trompeza. Encore, si vous aviez égard à mon O P P R E S S I O N, mais pas du tout. Vous [vous] en moquez comme si j’étais déjà à l’état de cadavre. Favori, favori [1], mon ami, il faudra que je vous soigne le caurp.
Je suis sûre que vous allez encore me laisser seule aujourd’hui, sans plus vous inquiéter de ce que je deviens, que si je n’existais pas, je donnerais 2 sous pour que Mme Guérard vienne parce qu’alors je m’en irais me promener et vous ne sauriez pas où je suis alléeb. En attendant que je vous joue ce bon tour-là, je m’en vais me débarbouiller, m’habiller et aller à la petite chambre prendre ce qu’il me faut pour aller à la campagne. Je suis tout à fait réduite à l’état des acteurs Séveste. Je retourne ma veste plus souvent qu’il ne faudrait sans même avoir l’honneur de jouer Angelo [2].
Ce qui ne m’empêche pas de vous aimer comme une lionne car les cœurs d’amantesc sont des vrais cœurs de lionnesd [3].
Juju
BnF, Mss, NAF 16323, f. 105-106
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « tromper ».
b) « allé ».
c) « amante ».
d) « cœurs de lionne ».