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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 22 juillet 1860, dimanche, 7 h. du m[atin]

Bonjour, mon bien cher bien-aimé ; bonjour et pas de contrariété ni de tristesse d’aucune sorte, mon cher adoré, c’est ce que je demande à Dieu pour toi de toute la force de mon amour. Comment as-tu passé la nuit ? Comment vas-tu ce matin ? C’est ce que je me demande depuis que je suis réveillée, attendant avec impatience la bonne réponse que tu m’apporteras toi-même tantôt je l’espère. Si j’avais pu prévoir qu’on ne ferait pas ta fête chez toi, je me serais abstenue d’en faire une de mon côté et je m’en serais tenuea à notre petite Trinité hebdomadaire mais puisqu’il est trop tard pour se raviser je ferais de mon mieux pour qu’elle soit le plus simple possible et que tout mon bonheur reste dans mon cœur avec mon amour sans en manifester aucun rayonnement extérieur si c’est possible. Et puisque tu tiens à simplifier de plus en plus ces traditions de foyer, à commencer par la mienne, de Fête, l’année prochaine je la supprimerai sans tambour ni trompette. Jusque là nous nous aimerons dans la plus étroite intimité et je n’en serais que plus heureuse. Voilà, mon cher adoré, notre programme à venir. Il n’est pas très effrayant, n’est ce pas ? Je serais bien contente pour ma part si ces messieurs réussissaient les photographies intérieures de ta maison car j’espère que j’en aurais un exemplaireb, ce qui me permettrait d’entrer par les yeux chez toi à tous les instants de ma vie. Jusqu’à présent le temps ne les seconde pas beaucoup, ces pauvres gens [1]. Espérons que leur habilité et le désir de se faire une ressource en même temps qu’une renommée leur fera triompher de toutes les difficultés, je le souhaite de tout mon cœur. Je souhaite encore avant et par-dessus toute chose que rien ne vienne troubler ton travail et s’ajouter à la fatigue de ta pauvre tête déjà si douloureuse. Mon Victor adoré, je te baise de l’âme et je te bénis de tout mon cœur.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 192
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « tenu ».
b) « exemplaires ».

Notes

[1Les photographes Leballeur et Auzou font un séjour de cinq mois à Guernesey et constituent un album photographique de Hauteville House.

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