Paris, 13 octobre [18]77, samedi matin, 10 h.
Cher bien-aimé, je n’ai pris que le temps de relire dans Le Rappel ton magnifique discours d’hier [1] qui m’a fait éprouver d’un bout à l’autre toutes les émotions d’admiration et de patriotisme de la première lecture. Il est impossible de se figurer qu’il y a des cerveaux assez obtus, des cœurs assez pervers et des consciences assez scélérates pour résister à l’éloquence suprême et à la sublime raison de ce prodigieux discours après l’avoir entendu ou lu [2]. Aussi j’espère en la victoire demain quels que soient les efforts de tous les malfaiteurs réunis, et le nombre en est grand ! En attendant, tu feras bien, par surcroît de prudence, de mettre en ordre tes trois malles et de les mettre hors de la portée des bandits qui nous menacent le plus tôt possible. Cela fait nous serons plus tranquilles. Je dis nous parce que je m’appuie sur toi et que je puise ma confiance en toi que je vénère, que j’admire et que j’adore.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 278
Transcription de Guy Rosa