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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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15 octobre [1843], dimanche matin, 9 h.

Bonjour mon Toto adoré, bonjour mon cher petit bien-aimé, bonjour, je t’aime plus que plein mon âme et plein mon cœur. Je t’aime plein la terre et plein le ciel. Il y a bien longtemps que je ne te l’ai dit avec des baisers et des caresses d’amour parce que tu ne viens plus depuis longtemps qu’un peu le soir. Mais je serai bien heureuse le jour où tu me mettras à même ta ravissante petite personne que j’aime et que j’adore.
Clairette lit sa messe dans un coin. Je suis bien contente de mon explication d’hier et du résultat qu’elle a eu. J’ai trouvé, contre mon attente, la maîtresse parfaitement bien et quant à ma fille il est impossible d’y mettre plus d’obéissance et plus d’affection que ne l’a fait ce pauvre enfant. Voici encore une chose éclaircie. J’espère que ce sera la dernière. J’espère que le bon Dieu aura pitié d’elle et de moi et qu’il éloignera de sa vie tous les périls et tous les dangers que je redoute.
Comment va Dédé, mon Toto, comment vont tes chers gamins ? Il ne faut pas laisser Dédé s’enfoncer dans une tristesse qui n’est pas de son âge. Il faut la distraire et l’égayer cette enfant. Puisque tu veux l’envoyer chez M. Ménessier tu feras très bien de le faire. Pauvre petite. Je ne supporte pas la pensée de la savoir en proie à un chagrin aussi sombre et aussi profond que celui que tu m’as dit. Si cocotte peut la faire sourire et lui donner une lueur de joie, je la lui donne avec empressement. Embrasse-la pour moi mon Toto et aime-moi. Tu ne seras que juste car je t’aime comme jamais homme n’a été aimé. Je baise tes yeux, ta bouche, tes mains et tes chers petits pieds.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16352, f. 207-208
Transcription d’Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette


15 octobre [1843], dimanche soir, 4 h. ¾

Vous voyez bien que vous êtes un scélérat et que j’ai eu tort d’avoir confiance en vous pour aller chez le bric-à-brac. J’ai encore bien plus tort de vous aimer ma foi car Dieu sait le peu de cas et le peu d’usage que vous faites de mon amour. Taisez-vous, vous n’avez pas la parole. Je ne vous la donne pas parce que vous me diriez encore des menteries comme vous faites toujours. Vous feriez mieux de venir tout de suite monstre. Qu’est-ce que vous faites chez vous, je vous le demande puisque votre chenil est terminé ? Vous promenez vos goistapioux sans doute. Mais le temps n’est pas déjà si fameux pour se promener et puis ET MOI ??????? Il n’y a jamais rien pour moi qu’une vieille soucoupe de rien du tout. Oui, oui je vous connais bien, allez. Si je suis une vieille rapace, vous êtes un vieux avare. Voilà mes vérités toutes CHESSES. J’en suis fâchée pour vous et pour moi, c’est comme ça. Clairette et la France pittoresque, c’est-à-dire qu’elle regarde les nuages pour le moment, ce qui ne manque pas d’intérêt pour une personne quelle qu’elle soita.
Jour Toto, jour mon cher petit o. Vous êtes un scélérat mais je ne vous crois plus. Je veux mon machin, je veux mon machin. Baisez-moi Toto et venez bien vite si vous voulez que je vous pardonne.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16352, f. 209-210
Transcription d’Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

a) « quelqu’elle ».

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