Paris, 23 juin [18]72, dimanche matin, 7 h. ½
Bonjour, mon grand bien-aimé, bonjour, comment as-tu passé la nuit ? Bien n’est-ce pas ? Moi aussi, assez bonne, bien que j’aie fait une station à ma fenêtre de 3 à 4 h. du m[atin]. Je viens de m’apercevoir tout à l’heure que la lettre du prisonnier des Chantiers de Versailles était parfaitement lisible, quoique écrite au crayon, mais aussi qu’elle était immensément longue, ce qui est un inconvénient pour la copiste qui en aura pour toute la journée, surtout si tu tiens à ce que ce soit moi qui la copie [1]. Je te ferai demander tantôt ce que tu en penses. En attendant je vais mettre un peu d’ordre dans le tas de journaux qui s’accumule d’heure en heure sur mon secrétaire. Pour cela encore il m’est impossible de tout lire. Ta correspondance seule prend presque tout mon temps tous les jours. Heureusement que cela ne m’empêche pas de t’aimer, mais les autres occupations de ma vie en sont un peu gênées. Tâche donc de venir avant le dîner, mon adoré, pour que je puisse te voir et t’entendre à cœur ouvert.
BnF, Mss, NAF 16393, f. 179
Transcription de Guy Rosa