Guernesey, 2 avril [18]70, samedi matin, 7 h.
Bonjour, mon cher bien-aimé, joie et bonheur si tu as bien dormi toute la nuit, comme c’est ton droit et ton devoir. Je viens de demander du sel à Suzanne pour tâcher d’attraper le printemps qui flanotte en ce moment dans mon jardin en lui mettant quelques GRAINS sur la QUEUE comme à un jeune serin qu’on désire mettre en cage. Nous verrons si cet innocent engin aura le succès qu’il mérite. En attendant il en a un de fou rire parmi mes FEMMES, ce qui suffit à ma modestie de vulgarisatrice de ce procédé ingénieux. Je suis bien contente que tu aies enfin réussi à faire entendre raison à MmeChenay pour ton pauvre voisin [1]. Ce trait d’union rétabli entre ta maison et la sienne était indispensable à tous les points de vue. J’espère que le plaisir qu’il en éprouve, joint à un peu de soleil, lui feront grand bien. Je le désire de tout mon cœur et je te bénis.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 93
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette