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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 20 août 1860, lundi matin, 6 h. ½

Bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour de tout mon cœur et de toute mon âme. Comment vas-tu ce matin ? Bien, je l’espère. Ne te réveille pas encore ; quant à moi je me suis levée un peu plus tôt que d’habitude pour tâcher d’entrevoir un peu la frimousse de ce couard de soleil et lui faire honte de sa lâcheté. Mais le ciel est si profond et les nuages si bas que je crains bien d’avoir perdu ma peine. Décidément nous sommes voués à la pluie à perpétuité ; ça n’est pas amusant mais très rhumatismard. Quand je pense à notre pataugeage de ce soir j’en ai la chair de SOLE. Il faudra que cette dame soit bien sûre de son ESPRIT pour t’attabler un peu sérieusement à ses expériences [1]. Quant à moi je suis heureuse d’être avec toi partout et sous quelque prétexte que ce soit. Je désire que tu n’aies pas mal à la gorge ni ailleurs voilà pourquoi je crains pour toi l’humidité de la nuit. Mais avec tes bons souliers et en te couvrant bien ce soir il n’y aura pas de danger, je l’espère.
Mon Dieu que je suis donc heureuse de n’être pas née en Chine et d’avoir un bon petit Toto qui me tire de temps en temps de l’affreux pétrin épistolaire ! Comme je le remercie, comme je le baise, comme je le bénis, comme je l’adore d’être venu hier encore à mon secours. C’est bien vrai, mon cher bien-aimé, que tu es ineffablement bon pour moi, aussi je t’en suis bien tendrement reconnaissante. De quel poids tu m’as délivrée hier. Il me semble aujourd’hui que je suis légère comme une plume... qui n’a pas à écrire à Mme Préveraud. Merci mon cher adoré. Merci cœur généreux.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 218
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Ce 20 août 1860 Hugo note suivante son carnet : « Séance de tables chez M. Marquand. Mme Heltier et son fils qui ont entendu trois cris dans leur chambre la nuit. » (CFL, t. XII, p. 1340.)

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