Guernesey, 10 oct[obre] [18]72, jeudi matin, 7 h. 20 m.
Je commençais à craindre que tu n’aies passé une mauvaise nuit, mon cher adoré, quand tu es apparu sur ton toit. Ta douce vue m’a tranquillisée bien que rien ne prouve pour ou contre cette même nuit tant que tu ne me l’as pas dit toi-même. Cher adoré, tu viens de me remplir le cœur d’une joie suprême en m’envoyant deux bons baisers à travers ma pauvre petite restitus qui a dû en tressaillir de bonheur. Tu penses que je ne suis pas restéea en reste avec toi et que pour tes deux baisers je t’en ai donné deux mille milliards plus ardents les uns que les autres. Je te remercie, mon bien bon adoré de ton beau cadeau d’hier et je te remercie aussi et avec reconnaissance pour l’aimable accueil que tu as fait à ma bonne vieille petite sainte Jeanne [1]. Tu remarqueras qu’elle donne la main à un petit enfant [nimbé ?] qui doit être notre Petite Jeanne elle-même. Rien n’empêche que ce soit. Quant à moi j’ai la superstition d’y croire et j’espère que ma foi en la protection de cette bonne sainte pour notre chère petite fille ne sera pas trompée. Je t’aime, je te souris, je te bénis.
BnF, Mss, NAF 16393, f. 281
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette
a) « resté ».