17 août 1872

Guernesey, 17 août [18]72, samedi matin, 5 h. ¾

Feu et flamme^a, soleil et amour sur la terre comme au ciel dans mon cœur et dans mon âme je t’adore. Il fait si chaud déjà dans ma chambre que je ne sais plus où me fourrer. Je viens de me cacher derrière un volet pour pouvoir te gribouiller à l’ombre pendant que toutes mes servantes pioncent à qui mieux mieux. J’espère que tu as bien dormi comme moi toute la nuit. Cher adoré, j’ai bien regretté hier de t’avoir contrarié et je t’en demande bien pardon. Une autre fois^b je tournerai ma langue 15 fois dans ma bouche avant de dire des bêtises qui puissent te déplaire comme celle d’hier. Il ne suffit pas que mes intentions soient bonnes il faut surtout qu’elles ne tombent pas à faux. Je te promets mon ineffable^c grand bien-aimé de me mieux surveiller à l’avenir. Je te remercie de ton indulgence pour cette fois et j’en suis attendrie jusqu’au fond du cœur car je t’adore à deux genoux.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 228
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

a) « flame ».
b) « autrefois ».
c) « inéffable ».