Guernesey, 20 mai [18]68, mercredi matin, 7 h.
Cher adoré, je te prie de ne pas attacher d’importance à mes nombreux bobos qui ne sont après tout que l’exagération de ma trop bonne santé. Tant que tu m’aimeras, je vivrai et mon bonheur défiera toutes les douleurs physiques. C’est ce que je me disais cette nuit pendant que les douleurs me torturaient. Je n’ai pas mieux dormi que l’autre nuit mais je n’en suis pas moins radieuse ce matin en pensant que je t’adore et que tu m’aimes. Ma douleur d’estomac a passé dans ma jambe gauche et c’est à grand peine si je peux la traîner ce matin. Mais telle qu’elle est, je la préfère ainsi que de souffrir dans l’estomac. Je vais prendre un bain tout à l’heure. Ordinairement cela me calme beaucoup. J’espère que tu as bien dormi et je t’envoie mon bonjour le plus tendre en guise de remerciement.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 139
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette