Guernesey, 20 novembre, [18]65, lundi matin, 7 h. ½
Bonjour, mon cher doux adoré, bonjour. Comment as-tu passé la nuit et comment va ton œil ce matin [1] ? Il était déjà beaucoup mieux hier au soir. J’espère qu’il n’aura fait que continuer. Tu feras bien de rester couché le plus longtemps que tu pourras pour le forcer à rester fermé quelques heures de plus. Si malgré tout cela ton pauvre œil n’était pas tout à fait dégonflé tantôt, il faudrait voir Corbin pour qu’il te débarrasse tout de suite de ce bobo gênant et douloureux. Je n’envoie pas encore savoir de tes nouvelles parce que j’espère que tu fais la grassea matinée et que je ne veux pas te déranger sans profit pour ma tranquillité. J’enverrai vers les dix heures demander à Mme Chenay comment tu as passé la nuit et si tu te trouves mieux ce matin. En attendant je fais des vœux pour que tout soit à souhait dans ta santé et dans ton cœur : Z0Z0 d’EMS [2] ! Guérissez-vous d’abord et nous verrons ensuite… QUATRE HOMMES ET UN CAPORAL [3]. Je ne crois pas à la venue du citoyen Duverdier, quoique le temps soit favorable aujourd’hui à la navigation. Je ne le regrette ni pour toi ni pour moi puisqu’il paraît que sa présence serait plutôtb un embarras qu’une solution dans la question qui t’estc soumise et pour moi une dépense de plus - donc vivat [4] à la paresse de ce démocrate. Que tu sois tout à fait guéri aujourd’hui et je serai la plus heureuse des femmes et des Jujus. Pour cela dormez bien, soignez-vous bien, dorlotezd-vous bien et aimez-moi de tout votre grand cœur. De mon côté je vous adore de toute mon âme.
BnF, Mss, NAF 16386, f. 181
Transcription de Anne-Estelle Baco assistée de Florence Naugrette
a) « grâce ».
b) « plus tôt ».
c) « c’est ».
d) « dorlottez ».