11 avril [1842], lundi matin, 10 h.
Bonjour mon Toto. Bonjour mon bien aimé, comment vas-tu, comment va le cher petit garçon [1] ? S’il suffisait d’être bien aimé pour être à l’abri de tout mal, personne plus que vous, mes chers petits, ne serait sûr de jamais souffrir, car personne n’a jamais été plus ni mieux ni même autant aimé que vous. Baise-moi, mon cher adoré. Je t’aime. Tu le sais bien, n’est-ce pas ? C’est aujourd’hui mon anniversaire de naissance, le 11 avril [2]. Ia ia Monsire Dodo. J’ai èdre fenue au monte il y a pien longdemps le onse affril. Il n’y a bas peaucgoup te goi s’en fander n’est-ze bas [3] ? Eh ! bien je ne m’en vante pas non plus, vieux malhonnête. Je vous dis la chose parce que je NE CACHE PAS MON ÂGE MOI. Attrape ça Toto, c’est du cochon. Baise-moi, vilain monstre d’homme. J’ai eu bien mal à la tête toute la nuit, mon pauvre Toto, j’y ai encore bien mal, mais ça ne sera rien. L’essentiel est que toi et l’autre cher petit Toto ne souffriez pas du tout. Jour Toto. Le petit arbre est joliment bien fait, je le vois d’ici dans son petit nuage, c’est charmant. Vous êtes mon Toto, très Toto, voilà tout ce que je peux vous dire de mieux. Baisez-moi. Je viens de donner mes ordres à Suzanne au sujet du Triger et puis je vais écrire à sa femme pour lui dire de nous faire savoir à l’avance le jour et l’heure où il viendra [4]. Etes-vous content, monsieur ? Pauvre Toto chéri, je ne veux jamais rien faire qui te déplaise, au contraire. Mon Dieu, je donnerais ma vie pour te plaire. C’est bien vrai du fond de l’âme, mon cher adoré. Viens bien vite, je t’attends.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16348, f. 263-264
Transcription de Anne-Estelle Baco assistée de Florence Naugrette