Bruxelles, 1er octobre [18]68, jeudi matin, 9 h. ½
Je t’envoie mon bonjour carabiné de ma bonne nuit. Tâche d’en avoir autant à m’offrir pour que je sois aussi contente de toi que tu dois l’être de moi, de ma nuit et de mon jour, de mon cœur et de mon âme. J’ai déjà fait ta commission, non à Mme Marcy qui était sortie, mais à sa fille qui a adhéré tout de suite à ta juste proposition. Il est bien convenu que les deux enfants Rochefort ne compteront que pour un chaque fois qu’ils viendront dîner à l’hôtel. La petite scélérate a profité de la circonstance pour glisser une petite demande d’autographe pour un rifleman [1] anglais fanatique de toi, à ce qu’elle dit, et qui a acheté un album exprès pour y mettre ta glorieuse signature. Je lui ai promis de te faire parvenir sa requête. Bien entendu que cela ne t’oblige à rien et que tu en feras ce que tu voudras. Quand arrive Mme Jules Simon et comment comptes-tu t’arranger pendant son séjour ici, en dehors du dîner de baptême [2] ? That is the question à laquelle tu répondras si tu veux. En attendant, je reste, comme toujours, ta très obéissante servante heureuse et fière de l’être. Telle est mon orgueilleuse platitude.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 273
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette