Guernesey, 1er juillet [18]68, mercredi, 7 h. du m[atin]
Good amour, good nuit, good paresse, telle est ma situation de cœur, de corps et d’esprit ce matin et je souhaite que vous en ayez autant à m’offrir, sans l’espérer beaucoup cependant, connaissant vos bonnes fortunes à tout crin et vos habitudes invétérées et féroces de travail à outrance ; nous verrons si je me suis trompée. En attendant, le thermomètre a fait un fier saut depuis deux jours : du grenier à la cave ; de l’excessive chaleur au frais très vif. Pour ma part, j’aime mieux la température de ce matin à celle d’avant hier ; ma podagrerie s’en accommode mieux. Ma nature d’ours blanc souffre des 38 degrés qui font le bonheur des lézards et des génies de ma connaissance. À propos de génie, je suis préoccupéea plus que de raison, je l’espère, de ta lettre à Great Modern [1]. Ses succès de cœur auprès de Mme Marquand et de Miss Bourgaize ne sont pas des garanties suffisantes de sa discrétion et je crains que tu n’aies à regretter prochainement la lettre que tu lui as écrite à cause de l’usage qu’il en fera. Si je me trompe, tant mieux. Mais en quoi je ne me trompe pas, c’est que je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 182
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « préocupée ».