Bruxelles, 8 août [18]68, samedi, 7 h. ½ du m[atin]
Cher adoré, je viens d’emballer mon petit ménage breton [1] pour Iéna en constatant une fois de plus que rien ne pouvait me distraire de ta pensée ni donner le change à mon amour. Certes, ce jeune groupe est bien charmant et bien intéressant mais il ne saurait dépasser le seuil de mon cœur depuis que tu l’occupes tout entier. Je ne le regrette pas puisque l’unique besoin de ma vie depuis le jour où je t’ai vu pour la première fois, c’est toi. Depuis, toutes mes joies me sont venues de toi. Mon bonheur, c’est toi. Toi, toi, toujours toi, rien que toi, tout le reste est accessoire. Je suis chargée d’une foule de sentiments plus éblouis, plus attendris, plus ravis et plus reconnaissants que toutes les paroles ne peuvent exprimer de la part de ce bon et honnête petit couple pour l’accueila si bon, si aimable et si bienveillant que toi, ta femme et tes enfants vous lui avez fait. J’y joins mes remerciements dévoués jusqu’à la mort pour vous tous. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 217
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « l’acceuil ».