Bruxelles, 16 septembre 1868, mercredi, 2 h. ½ après midi
Encore un peu de patience, mon cher bien-aimé, et je serai guérie. Aujourd’hui déjà je me sens tout en train et j’espère pouvoir sortir demain. J’ai fini ma bouteille mais je n’en recommencerai pas d’autres d’ici à mon départ pour Guernesey parce que je trouve que cela me tient trop longtemps en malaise et en mal de cœur pour un résultat nul. De même, je suspends les frictions au côté puisque, loin de me le calmer, elles me le rendent encore plus douloureux. Jusqu’à présent, le meilleur de tous les remèdes pour moi, c’est pas de remède. Cette panacée me convient trop bien pour que je ne m’y tienne pas le plus longtemps possible. Soisa tranquille, je m’arrange pour que mon peloton ne se dévide pas plus vite que le tien ni plus lentement non plus. J’espère que Dieu me fera cette faveur suprême de vivre autant que toi et qu’il fera nos deux âmes jumelles le jour où elles renaîtront pour l’éternité. Aussi ne t’inquiète pas de mes bobos, ils ne peuvent rien contre le désir que j’ai de mourir en même temps que toi. En attendant, prions Dieu de nous accorder ce bonheur et aimons-nous comme si nous étions déjà au paradis.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 257
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « soit ».