Guernesey, 26 juin 1868, vendredi, 7 h. du matin
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour. J’espère que la fatigue qui t’assombrissait hier soir s’est dissipée et que tu as eu comme moi une bonne longue nuit. Je n’ai pas eu de peine à obéir à ta douce injonction d’embrasser cher petit Georges [1] hier soir puisque c’est ce que je fais toujours avant de me coucher et dès en me levant, sans compter les fois où je passe dans la journée devant sa chère petite image. Il me semble même, chaque fois que je fixe son honnête et lumineux regard, que j’entends autour de moi un bruissement d’ailes comme si sa chère petite âme voletait dans ma chambre. Je suis si convaincue de sa présence dès que ma pensée l’appelle que je lui parle et que je lui demande de revenir au plus vite près de Grand-Père qui l’attend. Puis je le charge de toutes sortes de tendresses et de bénédictions pour nos deux chères âmes de là-haut.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 177
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon]