20 juin 1868

Guernesey, 20 juin 1868, samedi matin, 6 h. ¼

Cher bien-aimé, je vois par ton signal que tu es levé mais ce que je voudrais savoir encore de plus, c’est comment tu as passé la nuit et combien tu m’aimes. Si j’en juge d’après mon désir et d’après mon propre cœur, tu as dû dormir comme un noir et tu dois m’aimer comme un ange. Est-ce vrai ? En attendant ta réponse, voici mon bulletin personnel : amour parfait, nuit excellente. Suis-je assez dans le programme, qu’en dites-vous ? À ce propos, c’est aujourd’hui que tu sauras si le GREAT MODERN accepte le tien, de programme, pour l’un des deux jours que tu lui désignes^a [1]. Il faut qu’il soit un bien mince sorcier pour ne pas s’être aperçu du premier coup combien ce divertissement t’embêtait et combien tu serais heureux de l’esquiver. À sa place, je crois que je m’en serais un peu douté et je me le serais tenu pour dit depuis longtemps déjà. Il est vrai que je ne suis pas sorcière et que je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 171
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « tu lui désigne ».