22 septembre [1836], jeudi après-midi, 1 h. ¾
Mon cher petit bijou d’homme, il y a à peine un quart d’heure que vous m’avez quittée, et déjà j’ai donné plus de dix pichenettes à votre nez de toile. Je me trouve très malheureuse de vos fréquentes absences et très heureuse d’avoir dans mon malheur unea espèce de Toto à qui je peux faire tous les déraisonnements du monde sans que jamais il se permette de me contredire. Ce n’est pas celui qui me quittera pour aller à Fourqueux [1], ce n’est pas celui-là qui se fera faire des culottes grises pour faire admirer ses belles formes ! Aussi je vous le dis franchement, je vous conseille (si vous tenez à moi) de ne pas trop vous absenter dans la crainte que la concurrence sédentaire de votre autre vous ne finisse par vous supplanterb absolument.
En attendant ce résultat je vous aime mon amour, je suis triste, et si je ris ce n’est pas même du bout des lèvres, je vous aime trop pour cela.
Juliette
Jusqu’à quand trompeuse idole me ferez-vous gardienne responsable de tous les chiffons de papier qu’il ne vous convient pas de loger chez vous ?
BnF, Mss, NAF 16327, f. 350-351
Transcription de Nicole Savy
a) « un ».
b) « suplanter ».