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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 2 mars 1868, lundi matin, 7 h.

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, je t’adore. Je vois que tu as passé une bonne nuit et je serais la plus heureuse des femmes si je ne venais pas d’être témoin du meurtre d’un ravissant petit oiseau par ce vilain gros monstre de Fouyou. Nous avons essayé, Suzanne et moi, de le sauver mais il était tout à fait mort quand nous le lui avons tiré de la gueule. Pour le punir, j’ai fait jeter ce pauvre petit cadavre dans la rue. Mais, hélas ! je crains bien que cette leçon soit inutile pour mes chers petits hôtes ailés. Dans ce moment-ci même, il est retourné, Fouyou, dans le jardin voisin à l’affût et hors de ma portée, car dans mon jardin il est lui-même très traqué et très pourchassé et presque dans l’impossibilité de nuire. Mais tout cela ne rendra pas la vie à ce pauvre petit être si joyeux d’être au monde il n’y a qu’un instant. Décidément, c’est une triste loi de la création que celle qui nous force à nous dévorer les uns les autres à qui mieux mieux. J’espère qu’il y a une autre vie pour tous les dévorants et pour tous les dévorés avec une forte compensation plusieurs mots illisibles Dieu est juste. C’est bête comme tout ce que je te dis là [1] mais je t’adore, c’est l’essentiel.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 62
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Réplique de Don César à un laquais, dans Ruy Blas, Acte IV, scène 3.

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