Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1852 > Décembre > 13

Jersey, 13 décembre 1852, lundi matin, 8 h.

Bonjour, mon petit bien-aimé, bonjour, je t’aime avec toute mon âme. J’espère que le voyage de ta pauvre chère femme aura l’heureuse issue qu’a euea le mien il y a juste un an aujourd’hui [1]. Si cela ne dépendait que du dévouement et du cœur, tu serais sûr de revoir ton fils bientôt car je le demande bien ardemment au bon Dieu. En attendant, mon bien-aimé petit homme, je suis soutenue dans ma confiance par une pieuse superstition dans la date même de ce triste voyage. Cette coïncidence avec une autre démarche encore plus difficile et plus menaçante pour toi et pour toute ta chère famille me fait espérer qu’il en sera de même dans son heureux résultat. C’est pourquoi je vois partir avec sécurité ta chère femme pour Paris aujourd’hui plus tôt encore qu’un autre jour. J’espère que je te verrai un peu dans l’intervalle du départ et de l’après-midi jusqu’au soir. Mais si cela ne se pouvait pas, si ton travail et le besoin de consoler ta chère petite Dédé de l’absence de sa mère t’empêchaient de venir, je te promets d’être très patiente et très courageuse et de supporter avec une tendre résignation la privation de te voir tout le temps que tu ne pourras venir.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16372, f. 261-262
Transcription de Bénédicte Duthion assistée de Florence Naugrette

a) « eu ».


Jersey, 13 décembre 1852, lundi matin 11 h.

Je suis avec toi, mon bien-aimé, je partage toutes tes sensations et je m’efforce à toute la sollicitude sur le voyage de ta chère femme [2]. Je vois avec bonheur que le temps est bien calme et que la traversée promet d’être très douce. Tout cela est d’un présage heureux et que j’accueille avec confiance et reconnaissance en souvenir de mon voyage il y a un an. Ne t’inquiète pas, mon Victor, tu verras que tout s’arrangera pour le mieux encore cette fois-ci.
En attendant, sois tout entier à ta femme et à ta fille et ne pense à moi que lorsque tous ces chers êtres seront rassurés et consolés. Si tu ne peux pas venir me voir aujourd’hui, je te promets de ne pas m’en tourmenter et de t’attendre avec patience et courage autant qu’il le faudra. Je t’aime, mon Victor, encore plus si c’est possible quand tu es triste et malheureux. Je crois que tous les moments de ma vie sans distinction de bonheur ou de chagrin sont ceux où je t’aime davantage. Je ne sais comment cela se fait mais c’est ainsi. Je t’adore.

Juliette.

BnF, Mss, NAF 16372, f. 263-264
Transcription de Bénédicte Duthion assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Le 13 décembre 1851, Juliette Drouet quittait Paris pour rejoindre le lendemain Hugo en exil à Bruxelles.

[2Adèle Hugo et Auguste Vacquerie partent à Paris le 13 décembre 1852 pour tenter de ramener François-Victor à la raison.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne