Paris, 23 octobre 1881, dimanche
Cher bien-aimé, c’est bien à mon cœur défendant si je ne t’écris pas aussi régulièrement que je le voudrais [1]. Mais la somme des lettres augmentant tous les jours, il m’est bien impossible d’arriver à les ouvrir toutes avant l’heure du déjeuner. Ce matin encore, j’ai failli ne pas avoir fini à temps pour t’écrire ma chère petite vieille restitus. Aussi je me dépêche dare-darea pour arriver avant que tu ne sortesb de ta chambre.
Et à ce propos, j’ai le regret de t’apprendre que personne de là-haut ne déjeune avec nous ce matin à l’exception de Mme Chenay. Lesclide lui-même déjeune en ville, ce qui nous permettrac de déjeuner ici en trio. C’est une bien mince satisfaction, hélas ! en comparaison de la privation de tes deux adorables enfants. Je le sais et c’est toujours un grand crève-cœur pour moi chaque fois que j’ai à le constater.
La questure du Sénat t’a envoyé l’avis de son Président de la reprise des séances vendredi, 28, à deux heures. Et moi je te donne avis que je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 232
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « dar dar ».
b) « sorte ».
c) « permetra ».