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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 26 juillet 1881, mardi midi

Après la pluie, le beau temps, mon grand bien-aimé, après les jours tristes, les jours heureux, rien de plus juste, et pour ceux qui, comme nous, s’aiment, après l’amour, l’amour, l’amour dans la vie et dans la mort et vitam eternam.
J’espère que, malgré ton gros rhume, tu as un peu dormi cette nuit et ce matin. Je vais aller tout à l’heure m’en assurer dès que je t’aurai gribouillé ma double restitus, celle d’hier et celle d’aujourd’hui [1]. Je regrette bien que tu aies égaré mes titres de la Banque Nationale sans lesquels je ne puis faire utilement le transfert après lequel je soupire depuis si longtemps [2]. Ce contretemps va me forcer à des démarches bien ennuyeuses auprès de la Banque de Belgique et me forcera à avoir recours ici à un notaire. Tout cela parce que tu as égaré ces précieux titres qui ne courraient aucun risque entre mes mains. Mais je ne veux pas récriminer ni m’appesantir plus que de raison sur cet inexplicable incident qui peut d’ailleurs s’atténuer par des réclamations fondées et faites à temps. Heureusement que les vacances du Sénat vont te laisser le loisir de me donner satisfaction pleine et entière de ce côté-là en te permettant de diriger mes démarches pour arriver heureusement et promptement à mes fins. On m’avertit que Mme Lockroy est à table. Je finirai plus tard mon énorme, énorme gribouillis.
Je reprends mes pattes de mouches où je les avais laissées pour te dire à nouveau que je t’aime à toutes les minutes de ma vie sans solution de continuité quelques soient les tracas, les douleurs et les ennuis dont ma trop longue vie soit remplie.
J’aurais désiré que tu puissesa t’entendre avec Mme Lockroy à propos de la longueur du séjour à Guernesey mais je reconnais que mon avis ne servirait à rien et que toi seul est juge et maître de ce qui te plaît et te convient en cela comme pour le reste. Cela m’est d’autant plus facile, égoïstement, que partout où tu es je m’y trouve bien, pourvu que tu m’aimes. Donc, mon grand petit homme, décide pour le mieux dans l’intérêt de ton bonheur et dans celui de tes deux chers enfants qui seraient si heureux d’aller avec toi à Guernesey. Tâche de contenter ton cœur et le leur en arrangeant la chose pour le mieux. Moi je t’adore.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16402, f. 169-170
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « puisse ».

Notes

[1Juliette n’a pas écrit à Hugo la veille.

[2Depuis avril, Juliette cherche à remettre la main sur des actions à son nom de la Banque nationale de Belgique qu’elle veut restituer à Hugo avant afin de régler elle-même son héritage. Hugo ne sait où les titres sont rangés.

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