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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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3 mai 1839

3 mai [1839], vendredi midi

Bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour, mon adoré, comment vont tes yeux bien-aimés ? Je pensais que tu viendrais ce matin te reposer auprès de moi et profiter du peu de jours libres qui me restent jusqu’à nouvel ordre. J’ai compté sans mon autre, c’est-à-dire sans votre indifférence qui s’arrange fort bien de l’absence et du célibat. Enfin ce n’est pas la faute de mon amour et il faut bien que je prenne mon parti et que je m’accoutume à être VEUVE, sinon en physiquea, du moins en morale et en amour. Claire est partie ce matin de bonne heure. Je ne l’ai pas entendue partir. La bonne, qui ne connaît pas l’état de mes finances a fait venir du charbon ce matin. Heureusement que l’argent du marchand de vin était là. C’est la seconde fois que l’argent destiné à autre chose sert pour le charbon, seulement je serais très embarrassée si le marchand de vin venait à présent. Jour Toto, il fait un temps [d’amour  ?], quel dommage que nous n’ayons pas à notre disposition nos petites chambres d’arbres et de feuilles, peut-être cela vous redonnerait du VERT dans le cœur et ailleurs.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 123-124
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « phisique ».


3 mai [1839], vendredi soir, 7 h.

Où êtes-vous, mon bien-aimé ? Je vous aime et je vous cherche du cœur et de la pensée pour baiser la trace de vos pieds. Voyez-vous, mon Toto, le printemps fait monter la sève aux branches des arbres et l’amour aux lèvres. Je voudrais pouvoir mettre les miennes sur tout ce qui vous touche. Vous êtes mon Toto bien adoré. Je ne peux pas me lasser de vous le dire, mon Toto, et d’ailleurs les anges eux-mêmes qui adorenta Dieu comme je vous adore ne disent pendant l’éternité que le même mot : gloire à Dieu, gloire à Dieu et moi je dis : amour à Toto, amour à Toto. Je voudrais baiser tes pieds, mon amour, en souvenir de votre ineffable bonté de tantôt. Je voudrais être poète comme je suis amoureuse pour exprimer ce qui se passe dans mon âme de tendre, de doux et de religieux. Malheureusement, je ne suis qu’une bête et plutôt que de gâter mon amour en l’exprimant mal, j’aime mieux le laisser au fond de mon cœur à l’état brut, sans calembourb. Donnez-moi vos petites mains que je les baise. Soir pa. Soir To venez donc cette nuit déjeuner avec moi.

[Juju  ?]

BnF, Mss, NAF 16338, f. 125-126
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette
[Souchon]

a) « adore ».
b) « calembourg ».

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