Paris, 3 décembre [18]79, mercredi matin, 8 h.
Je sais, mon pauvre bien-aimé, que tu n’as pas passé une bonne nuit et que tu t’es plaint et que tu as beaucoup toussé. Il va falloir remédier à cela sérieusement et empêcher que ce rhume ne devienne une bronchite, surtout pendant le froid rigoureux qui sévit en ce moment. Justement Émile Allix vient dîner ce soir avec sa femme, il te dira ce qu’il faut faire pour te débarrasser au plus vite de cette toux importune.
Je viens de consulter L’Officiel [1] pour savoir ce que tu auras à faire demain et voici ce que j’y ai lu : réunion dans les bureaux à deux heures et à trois heures séance publique. On discutera la proposition du colonel Meinadiera pour les pensions de retraite des anciens militaires [2]. Il n’y a rien autre d’indiqué à l’ordre du jour. Maintenant une circulaire de : l’Union Républicaine du Sénat [3] te priant de te trouver à une heure au local du 2e Bureau le jeudi 4 décembre. Ordre du jour : réunion de rentrée signée Demôle. Tous ces ordres du jour ne me paraissent pas mériter que tu te dérangesb pour eux, c’est ce que tu auras à apprécier ; quant à moi je suis toujours prête à emboîter le pas avec toi et toujours disposéec à mêler mon cœur au tien car je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 293
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « Meynadier ».
b) « que tu déranges ».
c) « disposer ».