17 mai 1881

Paris, 17 mai 1881, mardi matin, 7 h.

Cher bien-aimé, j’ai l’âme toute réjouie de penser que tu as passé une bonne nuit. J’espère que la journée sera meilleure encore, ce qui augmente mon bonheur.
Le temps est favorable ce matin, s’il ne change pas d’humeur d’ici à tantôt, ce que j’espère, et tu pourras peut-être risquer une petite apparition au Sénat aujourd’hui. Tu as reçu de nouveau ce matin une convocation très urgente pour demain mercredi à l’occasion du choix des deux candidats à nommer samedi prochain [1]. Tu as reçu, en outre, les épreuves qui avaient été interverties dans l’ordre de celles qu’on t’a envoyées hier ; puis le journal de Toulouse qui contient un très bel article sur le projet de ta statue en faisant ressortir le paragraphe d’Hérold qui y travaille^a d’une façon très délicate [2]. Puis des lettres à foison, sans pendaison de Huguenots, autre temps, autres mœurs.
À mon tour, maintenant, mon cher adoré, de te prier^b de me dire par un simple oui ou un simple non si je dois faire un petit extra samedi prochain en l’honneur de ma vieille patronne Julie qui est au ciel ? Dois^c-je aussi te rappeler que tu es dans l’habitude de me venir en aide à cette date sacro-sainte 21 mai [3] ? Réponse s’il te plaît et d’avance j’y adhère, quelle qu’elle^d soit. Pourvu que tu sois content, je me déclare satisfaite. Je t’adore.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16402, f. 105
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « travail ».
b) « prie ».
c) « doi ».
d) « quelquelle ».