31 janvier 1862

Guernesey, 31 janvier 1862, vendredi matin, 9 h.

Bonjour, mon cher petit homme, bonjour et vive l’amour si tu as bien dormi et si tu n’as plus mal à la tête. Il m’a semblé te voir tout à l’heure à travers tes carreaux mais je n’en suis pas sûre à cause de la brume qui remplit tout l’horizon et qui pénètre dans tous les intérieurs. Enfin si ce n’est pas toi c’est donc ton… gilet de flanelle accroché à ta fenêtre auquel j’ai envoyé mes tendres regards et mes plus douces pensées ; je ne les regrette pas car j’espère que tu les retrouveras quand tu l’endosseras de nouveau et qu’ils^a pénétreront plus avant encore que sous ta SEPTIÈME peau. En attendant je te confesse que j’ai assez peu et très mal dormi mais que je ne m’en porte pas plus mal ce matin, AU CONTRAIRE. Plaisanterie à part, mon cher petit homme, je vais très bien ce matin, malgré mon insomnie acharnée. De ton côté si tu te portes bien et si tu as passé une bonne nuit, je suis heureuse et je remercie Dieu de tout mon cœur.
Cher adoré bien-aimé, je t’écris avec quelques difficultés parce que le bandage de ma main me gêne mais je t’adore sans entrave, voilà mon bonheur.

BnF, Mss, NAF 16383, f. 29
Transcription de Brigitte Siot assistée de Florence Naugrette

a) « il ».