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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 20 janvier 1862, lundi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, santé, sommeil, soleil, bonheur, amour, bonjour, je t’envoie tout cela dans un baiser. Je ne t’ai pas encore vu, mon cher petit homme. Peut-être es-tu en train de te convertir en triton de cristal à l’INSTAR de ceux de la place de la Concorde ? Merci, je ne t’envie pas et j’aimerais mieux pour ma part être fourrée d’une peau d’ours que couverte d’eau, quelque filtrée qu’elle pût être. Enfin cela te réussit, il n’y a rien à dire à cela et la postérité quand elle te divinisera n’aura qu’à mettre des nageoires à ton génie à la place d’ailes pour que tu sois tout à fait ressemblant à ce que tu fus sous ta forme humaine. Pour moi j’aimerais mieux être transformée en CORCADILE que d’acheter l’honneur susdit par cette affreuse torture quotidienne d’une cataracte d’eau glacée sur mon pauvre corps nu. Mais ma critique grelottantea oublie votre consigne qui est de vous rendre compte de ma nuit par A plus B. Eh bien, mon cher adoré, j’ai très bien dormi, je n’ai plus qu’un peu d’enflure à la main et je me porte comme un loup dont j’ai déjà la faim dévorante ce matin, et je vous aime comme un chien et je vous baise comme un ange avec toute mon âme.

BnF, Mss, NAF 16383, f. 19
Transcription de Brigitte Siot assistée de Florence Naugrette

a) « grelotante ».

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