Paris, 13a octobre [18]79, lundi matin, 8 h.
Hélas ! Mon cher grand bien-aimé, j’ai le regret de savoir que tu n’as pas encore bien dormi cette nuit et j’ai la certitude que tu dormiras encore moins la nuit prochaine [1], ce qui m’inquiète beaucoup. Je voudrais déjà être à demain pour te savoir hors de toute cette fatigue, lourd fardeau de ta grande gloire. J’espère que tu t’en tireras victorieusement mais je ne serai tranquille que lorsque ce sera vraiment heureusement fini. En attendant les acceptations arrivent parmi lesquelles deux ou trois empêchements de santé ou d’éloignement comme celle du bon Rivet qui est encore à Dieppe avec sa femme.
Lesclide vient d’achever ta copie. Il se charge de faire tenir avant midi les abstentions forcées dont je te parle. Je viens de donner à Mariette pour qu’elle te les remette quarante Francs en monnaie républicaine qui représentent un trésor inépuisable d’amour, d’admiration et d’adoration pour toi que je bénis autant que Dieu lui-même.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 245
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « 12 ».