Guernesey, 5 janvier 1862, dimanche, 7 h. ¾ du matin
Bonjour, mon cher petit homme, bonjour de mon lit d’où je t’écris presque à tâtonsa car le jour n’est pas encore bien éveillé. J’espère que tu as passé une good nuit, mon cher petit homme et que tout est à souhait pour toi ce matin ? S’il en est ainsi, mon doux adoré, je n’ai rien à désirer que la continuation de ce bon état de santé et de satisfaction intérieure et j’en fais ma propre santé et mon propre bonheur personnels.
Je te remercie, mon bien-aimé, d’avoir songé à ta promesse hier au soir, quoique je fusse dans la meilleure disposition de confiance et dans la plus grande sécurité de cœur possible. Je t’en suis reconnaissante jusqu’à l’adoration. Je voudrais pouvoir baiser tes chers petits pieds en ce moment. Cela me serait d’autant plus doux qu’ils doivent être nus sous l’inondation de ton hydrothérapie. Cela me fait songer au danger qu’il y aurait si la réaction ne se faisait pas immédiatement. Cher, cher adoré, prends bien garde à ce terrible engin de santé toujours prêt à vous tuer, si on n’y prend pas une attention et un soin extrême. Pense à moi, mon bien-aimé, et sois prudent car ta santé, c’est ma vraie vie.
BnF, Mss, NAF 16383, f. 6
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Guy Rosa
a) « tâton ».