18a janvier [1841], lundi soir, 8 h. ½
Oui vous êtes un vieux salo-P, oui vous l’êtes, oui, oui. Je le dirai à tout le monde avec un T, sans T, avec un P [1], de toutes les façons, je dirai que vous êtes un vieux salop d’académicien [2]. Soyez tranquille, aucune de vos vertus DOMESTIQUES ne tomberab dans l’oubli, je me charge de les mettre sur VOTRE MÉMOIRE. Vous n’aurez rien à envier à la gloire du vieux NÉPOMUCÈNE. Voime, voime, je vous en flanquerai en veux-tu en voilà. Quand je pense à tout ce que j’aurai à dire D’ÉDIFIANT sur votre carcasse, physiquec et moral compris, j’en saute dans ma peau. Voime, voime. En attendant, tâchez de péter droit où vous aurez affaired à moi, entendez-vous.
Suzanne est revenue de sa commission, elle a remis chez le portier de M. Lombardy [3] le livre et la lettre [4]. Moi, pendant ce temps, j’ai fait le ménage, la cuisine etc. etc. etc., absolument comme Madame Camaret [5]. Tranquillisez-vous, cher amour, je vous ferai votre compte de décembre et le total de toutes les dépenses de toute l’année 1840, seulement il me faut un jour pour cela. Baisez-moi vieux saloP, baisez-moi vieux cochon et aimez-moi si vous ne voulez pas être défiguré, dans un temps très court, de mes propres griffes. Baisez-moi encore, toujours encore. Tâchez aussi de revenir cette nuit parce que je tiens beaucoup à ce que vous fassiez votre DEVOIR envers moi. Vous n’avez pas, je l’espère, la prétention de vous en être très bien acquitté tantôt ? Taisez-vous.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16344, f. 55-56
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette
a) « 17 ».
b) « tomberont ».
c) « phisique ».
d) « à faire ».