[2 aoûta 1836] mardib soir, 6 h.
Vous m’avez laissé une feuille de papier toute pliée qui me donne envie de vous écrire. Vous savez ma pauvre âme que je vous aime plus que jamais. Vous savez que jamais je ne pourrai résister au son de votre voix adorée chaque fois que je l’entendrai émue et doucement plaintive comme hier. Fussiez-vous coupable je crois qu’alors je vous pardonnerais, car je ne veux pas, je ne peux pas savoir que vous souffrez à cause de moi. Cher bien-aimé, tu m’as bien dit la vérité, n’est-ce pas ? Je n’ai rien à craindre, tu n’es pas capable de me trahir, toi ? Aussi pardonne-moi ma lettre, pardonne-moi le mal que je t’ai fait, pardonne-moi aussi celui que je me suis fait à moi-même. Va j’ai bien souffert, j’étais bien malheureuse, du moins je le croyais. Je ne sais pas si tu vas à Fourqueux [1] ce soir, tu as le droit de ne pas me le dire. Mais j’ai le droit de compter que tu n’oublieras dans aucun cas que tu m’appartiens exclusivement, au moins de corps. Moi je t’appartiens corps et âme et je te garde fidèlement propriété. Tâche de venir très tôt.
Juliette
Collection particulière
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette et Jean-Marc Hovasse
a) « 2 août » est ajouté au crayon d’une autre main que celle de Juliette Drouet.
b) « mardi » est écrit en surcharge par Juliette Drouet sur « mercredi ».