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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 26 octobre [18]67, samedi, 7 h. ½

Je sais que tu viens de te lever, mon cher bien-aimé, mais je n’ai pas eu la bonne chance de te saisir au passage, ce qui me vexe dans mes chères petites superstitions. Cependant, si tu as passé une bonne nuit et si tu m’aimes comme je t’aime, je suis la plus bénie et la plus heureuse des femmes. J’ai très bien dormi toute la nuit et je ne souffre de ma ceinture que lorsque je fais quelques mouvements ou que j’essaye de respirer à pleins poumons. Hors cela, je me porte très bien et je te supplie de ne pas attacher plus d’importance que moi à ce déplacement de rhumatisme tout à fait sans gravité.
Mais pour changer de sujet, qui ne sont pas des chiens, comme on dit en Belgique, je te dirai en confidence que rien n’est moins engageant que l’aspect haillonneux, et sale, et délabré, et stupide de ma nouvelle recrue ce matin [1]. La pincette elle-même reculerait de dégoût avant d’oser y toucher. Pauvreté n’est pas vice, je le sais, et ce n’est pas moi qui m’en offusquerai jamais. Mais incurie et malpropreté repoussante, voilà ce qui me déconcerte et m’effraye. Enfin, j’ai promis d’en essayer et je tiendrai ma promesse coûte que coûte et en conscience.
En attendant, je me tourne vers toi, mon soleil, mon guide, mon appui, mon amour et mon bonheur.

BnF, Mss, NAF 16388, f. 259
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Juliette cherche une nouvelle servante.

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