16 juin 1863

Guernesey, 16 juin [18]63, mardi [illis.]

Je suis bienheureuse, mon cher petit homme, que tu aies bien dormi et que tu te portes bien et que tu m’aimes. Je n’aurais pas mieux demandé d’ajouter le bonheur de la promenade à tous ces bonheurs-là mais tu reconnais toi-même que cela n’est pas possible les jours de dîner et encore moins aujourd’hui que les autres jours à cause de cette stupide visite de prétendus chercheurs de maison à louer. Quant à demain, le trajet de chez moi au bain est déjà une promenade que nous pourrons compléter, s’il fait beau, à pied ou en voiture dans quelque partie de l’île au hasard puisque tout^a est beau, charmant et ravissant sans choix et sans distinction. En attendant je savoure d’avance le bonheur que tu nous as^b promis pour ce soir d’une lecture du nouveau chef-d’œuvre que tu fais en ce moment [1]. Je n’ai pas le temps de te rappeler ta bonne promesse mais j’espère que ton [fils  ?] t’y fera penser dans le cas, hélas ! où je ne te reverrais pas avant le dîner. Mon âme [illis.] en pensée devant cette coupe sublime et capiteuse que ton génie offre à toutes les soifs de l’intelligence et à tous les besoins du cœur. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16384, f. 158
Transcription de Gérard Pouchain

a) « toutes ».
b) « a ».