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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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5 juin 1863

Guernesey, 5 juin [18]63, vendredi matin, 8 h.

Bonjour mon cher petit matinal. Bonjour mon infatigablea piocheur, bonjour, je t’aime. Je suis éreintée, je n’ai pas dormi deux heures dans toute ma nuit mais je t’aime. Je ne sais si je dois mon insomnie au voisinage de l’amoureux QUESNARD ou à la toux incessante de Suzanne, toujours est-il que j’ai passé une nuit blanche ou à peu près. Je n’en avaisb nul droit puisque j’avais fait hier pendant nos deux ravissantes promenades tout ce qu’il fallait pour bien dormir. Il faut être aussi [IDIOSYNCRATIQUE  ?] que je suis pour arriver au résultat contraire. Mais qu’y faire ? Dois-je étrangler Suzanne chaque fois qu’il lui arrivera d’être enrhumée ou me pendre derrière ma [porte  ?] en désespoir de cause ? THAT IS THE QUESTION que je vous soumets humblement, à vous d’y répondre. En attendant, je vous aime autant et plus que si j’étais la mieux reposée et la plus GAILLARDEc des femmes, voire même des Guernesiaises qui passent les nuits à entendre siffloterd la vieille linotte [1] de Kesler et je vous adore rubis sur l’ongle.

BnF, Mss, NAF 16384, f. 147
Transcription de Chantal Brière

a) « infatiguable ».
b) « n’avais ».
c) « GAILLIARDE ».
d) « sifflotter ».

Notes

[1Siffler la linotte : expression d’argot signifiant « appeler sa maîtresse avec un cri ou un air convenus » ou « attendre dans la rue ».

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