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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 mai 1855

Jersey, 17 mai 1855, jeudi après-midi, 2 h.

Vous voyez que pour une simple mortelle, je ne me tire pas trop mal de vos fées ries et que je me résigne philosophiquement à mon rôle de NigaudinAS [1]] au pied levé. Jugez de ce que cela pourrait être avec des RÉPÉTITIONS. Tel quel, vous devez être satisfait de mon exécution. Quant à moi je me congratule avec une noble modestie. Pour me maintenir dans cette région élevée autant que grotesque, je vous fais souvenir de donner un de vos plus beaux dessins au FÉ NOMÉNAL ASPLET, quitte à le lui flanquer par le piffe les convenances sociales s’opposant à ce que vous le DÉPOSIEZ le long de ses pieds. Après ce généreux effort de désintéressement et de stupidité, je me tire l’échelle, pour patauger plus à mon aise dans mon ridicule amour. Quoique vous fassiez et quels quea soient vos DESSINS, je vous aime à cœur perdu. Aussi vous avez raison de ne pas vous gêner et de faire le sylphe amoureux avec les Titanias [2], du bon FRICOT et des folles godailleries. Maintenant que je vous ai donné carte blanche, il ne me reste plus qu’à vous aimer de pire en pire pour rimer avec copire dont je fais seul mon IRE.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16376, f. 207-208
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa

a) « quelques ».

Notes

[1Nigaudinos (que Juliette féminise ici sciemment) est un personnage de la célèbre féerie (d’où le jeu de mots « fées ries » en début de phrase) de Martainville et Ribié, Le Pied de Mouton, inaugurée en 1806 au Théâtre de la Gaîté et maintes fois reprise au XIXe siècle. Amoureux ridicule et hâbleur, il s’acharne pendant toute la pièce à conquérir la belle Léonora. En 1850, les frères Cogniard proposèrent une version modernisée de la pièce, en imaginant autour de Nigaudinos des tableaux nouveaux (« L’Avenue des Soufflets », par exemple) spécifiquement conçus pour renforcer le comique de situation (Le Nouveau Pied de Mouton, féerie en 4 actes et 13 tableaux, imitée de Martainville, Gaîté, 26 janvier 1850). [Remerciements à Roxane Martin pour cette note.

[2Titania est la reine des fées dans la pièce de Shakespeare Le Songe d’une nuit d’été.

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