Vendredi après-midi, 1 h.
Vous avez été injuste hier quand vous m’avez reproché de ne vous avoir pas écrit, puisque c’était pour m’être occupée de vous que j’étais en retard. Vous avez été encore bien plus injuste envers cette pauvre Juju en ne venant pas ce matin, puisqu’il est certain que de vous voir est pour elle un spécifique des plus merveilleux. Enfin, je ferais une fameuse liste de toutes vos injustices à mon égard.
Il paraît certain que le [S… ?] avait misa le déficit dans sa poche, l’honnête homme. Il n’est pas encore revenu. Je vais écrire à Mme Guérard. Je voudrais que tu eusses vu la lettre pour l’envoyer tout de suite afin qu’elle arrivâtb utilement. Je vais aussi me dépêcher de m’habiller et de me débarbouiller pour me mettre à fourbir votre batterie de cuisine. En attendant que je vous revoie, je vous dis que je vous aime, je vous le dis toujours et sans cesse dans mon cœur. Voilà ce que vous ne savez pas assez. Vous croyez qu’à moins de vous écrire des volumes, je ne peux ni vous aimer, ni penser à vous. C’est bête. Nous avons fait un délicieux repas hier, quel dommage que les suites n’en aient pas été aussi charmantes. Décidément, c’est un vilain mal que le mien. Je veux que tu consultes M. Louis et puis je t’aime et puis je t’adore.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16323, f. 50-51
Transcription de Jeanne Stranart et Véronique Cantos assistées de Florence Naugrette
a) « mi ».
b) « arriva ».