Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1862 > Mai > 15

15 mai 1862

Guernesey, 15 mai 1862, jeudi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon grand bien-aimé, bonjour, santé, amour, bonheur à toi et gloire aux Misérables, puisque c’est aujourd’hui qu’ils livrent leur seconde bataille ! J’attends les bulletins de leur victoire avec toute l’impatience de mon amour pour toi en regrettant de n’avoir pas le droit de payer au poids du bonheur éternel le premier qui enverra la bonne nouvelle. Mais cette espèce de monnaie ne se trouvant que dans la caisse du bon Dieu, je ne peux que leur crier merci ! de toute la force de mon cœur. Mais, toi, mon divin général, mon sublime conquérant, comment vas-tu ce matin ? As-tu passé une vraie bonne nuit sans interruption de sommeil et sans agitation ? Comment va ta pauvre belle tête ? Est-elle moins douloureuse qu’hier ? Il me semble que tu as bien peu marché hier en me quittant car j’ai vu la lumière dans ta chambre presque tout de suite après ton départ de chez moi ? Pourvu que tu ne succombes pas à tant de fatigue ! Mon pauvre grand adoré, ne pousse pas le courage jusqu’à l’imprudence, je t’en supplie à genoux ! Pense à moi qui ne vis qu’en toi, pour toi et par toi. Qu’est ce que je deviendrais, mon Dieu, si tu tombais malade ? Cette seule crainte me trouble tellement qu’il me semble que je ne pourrais pas supporter une minute l’affreuse réalité, si jamais elle se présentait, sans en devenir folle ou sans en mourir. Je t’en supplie encore, mon adoré, sois prudent.

BNF, Mss, NAF 16383, f. 123
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne