Jersey, 12 février 1855, lundi après-midi, 4 h.
Cher petit homme, je vous décoche toutes mes plus tendres tendresses au risque de les voir emporter par le vent comme des strophes feuilles de roses ou de laurier [1], avant d’arriver jusqu’à vous. Je m’étais dépêchée ce matin pour avoir beaucoup de temps devant moi pour copire mais j’avais compté sans mes AUTRES Allix et citoyen Durand lesquels, deux, sont restés trois heures à divaguer politique, chacun dans leur genre… ennuyeuxa. Enfin me voici libre et je compte en profiter jusqu’à votre arrivée que je désire le plus tôt possible, quitte à ne faire pas autre chose que de vous aimer d’arrache-cœur. J’ai un affreux mal de tête qu’il ne tiendrait qu’à moi de mettre sur le dos des deux démocrates stupéfiants de tout à l’heure mais je préfère le mettre sur le compte du temps fribrouillard et migraineux qu’il fait que d’en orner ces deux honnêtes démocrates. Je compte sur votre bienfaisante présence pour faire diversion et même pour me guérir tout à fait. Dépêchez-vous donc de venir, mon cher petit Hippocrateb, sans crainte de subir de ma part l’affront des présents d’ataraxie. Je ne vous offrirai que mon cœur MAIS vous n’êtes pas libre de les [lignes manquantes] absolument comme le vote Boustrapa.
Juliette
BNF, Mss, NAF 16376, f. 66-67
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa
a) « ennuieux ».
b) « Hypocrate ».