Guernesey, 26 décembre 1861, jeudi matin, 8 h. ¾
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, c’est-à-dire continuation des tendresses ébauchées tout à l’heure entre nos deux âmes à travers l’espace. Bonjour, que Dieu te conserve la santé, la gloire et le bonheur et qu’il te bénisse dans tous ceux que tu aimes. Voilà la prière que je lui fais ce matin et à tous les instants de ma vie. Tu m’as paru bien portant tout à l’heure, mon cher petit homme ? Il est vrai qu’à cette distance on peut s’y tromper et prendre pour de la santé ce qui n’est que du courage et de l’activité à outrance. J’espère pourtant que ce n’est pas ici le cas et que tu te portes vraiment bien et que tu as passé une bonne nuit malgré tous les soucis qui t’assiègent [1]. Quant à moi, j’ai fait tant que mal une quasi nuit très morcelée mais sans aucune souffrance, ce qui ne m’empêchera pas d’être [illis.] et très gaillarde ce matin et tout-à-fait disposée à faire la visite aux Duverdier tantôt. La pensée que je la ferai avec toi me donne des jambes jusqu’au cou. Seulement il faut que je tâche à te faire penser d’en prévenir Mme Chenay afin qu’elle ne vienne pas trop tôt chez moi. En attendant, mon adoré bien-aimé, je te redis tout mon cœur et tout mon amour dans ces deux mots : Je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 190
Transcription de Florence Naugrette