Guernesey, 23 décembre 1861, lundi, 8 h. ¼ du m[atin]
Bonjour, mon ineffable bien-aimé, bonjour, sourire, joie et bonheur si tu as passé une bonne, bonne, bonne nuit comme je la désire et comme je l’espère. Quant à moi, j’aurais peut-être très bien dormi sans les quintes de toux incessantes de la pauvre Suzanne. La pauvre fille a dû passer une nuit affreuse. Je suis vraiment très tourmentée de ce rhume persistant et qui reparaît à tout propos. Je sais bien que son âge y est pour beaucoup mais je n’en suis pas moins inquiète pour cette pauvre fille. Aujourd’hui je vais lui faire faire cette potion qui, jusqu’à présent, l’a calmée. En attendant, moi et elle, nous sommes assez patraques ce matin ; mais une bonne nuit réparera tout cela ; il s’agit seulement de la PINCER et c’est ce à quoi je m’appliquerai la nuit prochaine. Tu vois mon pauvre [illis.] que je ne t’épargne pas [illis.] bulletin Diafoirus [1] au risque de te donner à toi-même le malaise de l’ennui en le lisant. Mais aussi c’est votre faute. Pourquoi voulez-vous savoir tout ce qui se passe dans les moindres détails ? Vous voyez où cela vous mène. Quant à moi, tous les chemins, tous les prétextes, toutes les choses de ce monde ne feront jamais dévier mon amour de son but qui est d’aller droit à votre cher petit cœur.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 187
Transcription de Florence Naugrette