Guernesey, 11 mars 1862, mardi matin, 8 h.
Bonjour, mon bien-aimé, bonjour et sourire et bonheur si tu as passé une bonne nuit et si tu te portes bien ; autrement je reprends tout, et je serai triste comme le temps et plus malheureuse qu’un pauvre chien perdu. J’espère que je ne serai pas forcée d’en venir à cette extrémité et que tu vas m’apporter de bonnes nouvelles de toi-même tantôt. Jusque-là, mon cher petit homme, je t’aime avec tout mon cœur et toute mon âme. Et puis j’ai très bien dormi et je me porte très bien comme le veuta le pacte de santé et de pionçage passé entre nous. Jusqu’à présent, tu n’es pas encore levé et je t’en approuve, car le temps n’est rien moins qu’engageant et me paraît pris pour toute la journée. Heureusement que c’est aujourd’hui jour de poste et que tu auras probablement beaucoup à faire avec les lettres et les épreuves qui ne manqueront pas d’affluer chez toi. Cela t’empêchera de t’apercevoir de la pluie et de sentir la privation de la promenade. Quant à moi, je n’ai besoin pour être heureuse que de t’aimer et de sentir que tu m’aimes. Je n’ai besoin QUE DE CELA, c’est-à-dire de TOUT. Le RESTE n’est qu’un superflu dont je peux très bien me passer sans même m’apercevoir qu’il me manque. Mon bien-aimé, sois béni. Je t’adore.
Bnf, Mss, NAF 16383, f. 63
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette
a) « veux ».